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Lame sanglante
Encore cette lame géante. Je me réveillai en sursaut , de la sueur plein le visage et les yeux larmoyants . Cette fois ci je la sentais me déchirer la chair , pénétrer mon antre sans jamais s’arrêter. Étais-je maudite ? C’est la question que je me posais à chaque fois que je me réveillais après ce même cauchemar ? Comment continuer à vivre quand notre âme nous fuit chaque soir ?
Mon âme de jeune adulte ne cicatrisait que quand je m’infligeais d’autres blessures encore plus sanglantes. Cela faisait dix ans que cette petite lame que je gardais sous mon matelas me servait d’exutoire. A chaque fois , la vue de ce sang qui coulait me faisait le plus grand bien. Je me sentais partir et j’oubliais que mon âme était brisée. Devant le miroir je me nettoyais les mains après ma douce torture et devant le miroir , je me regardais. Je me haïssais. Je haïssais tout autant la petite fille naïve que j’étais dix ans auparavant. Elle n’avait pas le droit de suivre cette vieille mégère vers l’enfer. Elle n’avait pas le droit d’entrer dans cette case puis d’ôter son petit pagne et de s’offrir à cette lame. Elle n’avait pas le droit de l’avoir laissée la couper jusqu’à sang. Ce jour là comme dans un ruisseau , son sang innocent avait coulé toute la nuit. Elle l’avait regardé se rependre sur les draps , sur le sol crasseux et personne n’est jamais venu , personne. Elle fut excisée et tuée ce jour sombre.
Ce soir là je n’avais pas mal au cœur, je sentis plutôt une vive douleur dans mon entrejambe. Je ne l’avais pas ressentie depuis des années. Ce soir là , on ramena mon âme dans ce corps de petite fille et je recevais toutes les douleurs que cette lame m’avait infligé. Je me tortillai dans mon lit , criai , me griffai en vain. D’une main tremblante je touchai mon vagin ,mon clitoris et mes petites lèvres inexistants . Je me saisis dans un instant de folie de cette lame sous le matelas et me tailladai toutes les veines de la main gauche. Je m’écorchai comme si mon corps ne m’appartenait pas . C’était peut être vrai , ce n’était pas le mien car quand je sentis mon âme le quitter, j’embrassai enfin la liberté. Je n’étais pas maudite.

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